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Cousu de fil rouge

Voyages des intellectuels français en Union soviétique - 150 documents inédits des Archives russes

En 1936 paraît à Paris le Retour d’URSS d’André Gide. La controverse retentissante déclenchée par l’ouvrage fait émerger l’une des énigmes de la vie politique et culturelle française au xxe siècle : la mode des voyages en Union soviétique. Des années 1920 aux années 1980, cédant pour la plupart à la fascination pour la révolution d’Octobre, souhaitant pour d’autres prouver l’échec des Soviets, écrivains, journalistes, artistes mais aussi architectes, instituteurs ou étudiants font le « pèlerinage à Moscou ».

Henri Barbusse, Romain Rolland, André Malraux, Louis Aragon, André Gide, Jean Renoir, Jean Effel… contribuent à bâtir un mythe politique et littéraire. Vingt ans après la disparition de l’URSS, les archives parlent et permettent d’entrer enfin au coeur de la fabrication de l’utopie communiste. Comment l’administration et les dirigeants soviétiques préparaient-ils les voyages ? Comment fonctionnait le fameux « Intourist » ? Comment les voyageurs étaient-ils accueillis, guidés, incités à écrire au retour un récit le plus favorable possible ? Quel fut le destin, parfois tragique, de leurs accompagnateurs ? Des rapports des interprètes aux menus des dîners officiels, des instructions des ambassadeurs aux souhaits des visiteurs, ces documents inédits permettent de mieux comprendre les logiques et les ambiguïtés de l’engagement des intellectuels face au modèle soviétique et au communisme.

Cousu de fil rouge. Voyages des intellectuels français en Union soviétique -150 documents inédits des Archives russes

CNRS Editions, 380 p. 2012

Sophie Cœuré et Rachel Mazuy, aidées de deux deux traductrices, archivistes aux Archives de l’Etat de la Fédération de Russie, Elena Aniskina et Galina Kuznetsova

Collection « Mondes Russes », 381 p., 25 €

Editeur CNRS


Recensions de l'ouvrage

Cousu de fil rouge

... Vingt ans après la disparition de l’URSS, les archives parlent et permettent d’entrer enfin au coeur de la fabrication de l’utopie communiste. Comment l’administration et les dirigeants soviétiques préparaient-ils les voyages? Comment fonctionnait le fameux «Intourist»? Comment les voyageurs étaient-ils accueillis, guidés, incités à écrire au retour un récit le plus favorable possible? Quel fut le destin, parfois tragique, de leurs accompagnateurs?

Des rapports des interprètes aux menus des dîners officiels, des instructions des ambassadeurs aux souhaits des visiteurs, ces documents inédits permettent de mieux comprendre les logiques et les ambiguïtés de l’engagement des intellectuels face au modèle soviétique et au communisme.

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Voyages en URSS : témoigner ou justifier ?

Jusqu'à la chute de l'URSS, toutes les archives des administrations soviétiques sont restées secrètes, rendant par là le travail des chercheurs extrêmement difficile. De nouvelles perspectives d'études sont apparues à leur ouverture. En témoigne l'ouvrage de Sophie Coeuré et Rachel Mazuy, recueil de documents d'archives inédits joliment intitulé Cousu de fil rouge. Elles se sont penchées sur l'organisation de voyages d'étrangers en URSS des années 1920 à la mort de Staline en 1953.

Les auteurs rappellent en introduction l'importance dans le système de propagande soviétique de ces voyages destinés à montrer l'URSS sous son meilleur jour. Ceci impliquait naturellement un contrôle très serré des séjours qui demandait un suivi administratif lourd. Les voyageurs étaient d'abord triés sur le volet en fonction de leurs opinions politiques. L'organisation du voyage était entièrement prise en charge par des organismes officiels, les heureux élus ne pouvaient séjourner que dans des hôtels spécifiques, les visites étaient soumises à autorisation et la présence d'un guide ou d'un accompagnateur était presque incontournable. Les visiteurs que l'on souhaitait particulièrement impressionner étaient conduits dans les usines, kolkhozes, écoles, prisons modèles.

Sophie Coeuré et Rachel Mazuy mettent en lumière les "techniques d'hospitalité", le rôle de la VOKS (société pansoviétique pour les relations culturelles avec l'étranger) chargée d'accompagner les étrangers et celui de l'Intourist (sorte d'agence de voyage) à partir de 1929. Elles ont choisi de se concentrer sur les voyages de "l'intelligentsia petite-bourgeoise" française, c'est-à-dire ces écrivains, enseignants, journalistes qui devaient se faire l'écho du discours de propagande soviétique.

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Souvenirs de voyage dans la «patrie des travailleurs»

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Effectué par des militants ou des compagnons de route actifs dans des associations vouées à l’amitié franco-russe, mais aussi par des journalistes, des artistes et des intellectuels plus ou moins amicaux ou critiques, le voyage en URSS, avec les conférences ou les publications réalisées au retour, s’apparente entre les années vingt et la fin de la Guerre froide à un genre politico-littéraire à part entière, immortalisé notamment par le critique Retour d’URSS d’André Gide et une abondante production laudative à la postérité moins glorieuse.

Profitant de l’ouverture des archives russes, deux chercheuses du CNRS ont exploré les coulisses de la VOKS, l’administration chargée d’organiser ces voyages. Le résultat – une série de documents, classés par date et par genre – est d’un abord austère, mais l’effort, amoindri par un appareil critique efficace, est récompensé. Telles qu’elles émergent des demandes formulées par les voyageurs, des programmes qui leur sont offerts et des rapports dressés sur leur séjour, les relations entre hôtes et invités sont tout sauf simples, marquées de part et d’autre par des cautèles diplomatiques, de solides préoccupations utilitaristes et de fréquents malentendus.

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Il faut dire qu’éviter tout incident ou tout regard de biais sur le paradis des travailleurs n’est pas une mince affaire. On frémit ainsi en imaginant le sort de l’interprète Trubitsyn, qui a fourvoyé en 1952 une délégation française sur une route où travaillaient des détenus sous garde.


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