Gazette:News:Alerte sur les langues dans l'Union Européenne

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Union européenne : alerte sur les langues


Une enquête de Thomas Ferenczi in LE MONDE du 09/06/08


BRUXELLES BUREAU EUROPÉEN

Le nombre des langues officielles de l'Union européenne a été pratiquement multiplié par six en un demi-siècle. Aux quatre langues de départ (allemand, français, italien, néerlandais) se sont ajoutées celles des nouveaux Etats membres, portant à vingt-trois, en 2008, le nombre des idiomes officiellement reconnus. Les documents publiés par les institutions européennes doivent être traduits dans ces vingt-trois langues.

Toutefois, pour des raisons pratiques, seules trois langues de travail sont utilisées par les fonctionnaires de la Commission et du Conseil : l'anglais, qui est devenu la langue la plus répandue, le français et l'allemand. A la Commission, en 2007, 73,5 % des documents soumis aux services de traduction étaient écrits en anglais tandis que 12,3 % l'étaient en français et 2,4 % en allemand. Au Conseil, les proportions sont les mêmes. La part de l'anglais n'a cessé de s'accroître, alors que celle du français diminue.

SITE EN ANGLAIS SURTOUT

Le directeur général de la direction de la traduction à la Commission, le Finlandais Karl-Johan Lönnroth, insiste sur la différence entre la communication externe des institutions européennes, qui doit se faire dans toutes les langues de l'Union, et sa communication interne, qui se limite aux trois langues de travail. Dans les relations avec l'extérieur, dit-il, le multilinguisme est indispensable pour que les citoyens aient accès, dans leur langue, aux décisions qui les concernent.

De ce point de vue, la traduction des actes législatifs est "une obligation légale" et celle des autres documents "une nécessité politique". Il est vrai que, dans les faits, tous les textes ne sont pas traduits et qu'en particulier le site Internet de la Commission n'est souvent accessible qu'en anglais. M. Lönnroth explique que la part donnée à l'anglais répond à la demande des internautes, mais il note aussi que la plupart des sites personnels des commissaires sont multilingues, ce qui n'était pas le cas il y a trois ans.

Chronologie
  • 1958 La Communauté européenne compte quatre langues officielles : l'allemand, le français, l'italien, le néerlandais.
  • 1973 Avec l'entrée du Danemark, du Royaume-Uni et de l'Irlande, le danois et l'anglais sont reconnus.
  • 1981 L'entrée de la Grèce porte à sept le nombre des langues officielles.
  • 1986 L'Espagne et le Portugal rejoignent la Communauté, qui reconnaît désormais neuf langues.
  • 1995 Avec l'Autriche, la Finlande et la Suède, ce nombre passe à onze.
  • 2004 L'arrivée de dix nouveaux Etats porte le nombre de langues à vingt.
  • 2007 La Bulgarie et la Roumanie entrent dans l'Union, avec leurs langues respectives, et l'irlandais est reconnu. L'Union compte vingt-trois langues.


Les coûts de traduction (écrite) et d'interprétation (orale) s'élèvent, pour l'ensemble des institutions européennes, à 1,1 milliard d'euros, ce qui représente à peu près 1 % du budget communautaire, soit encore, selon M. Lönnroth, 2,5 euros par personne et par an. Il y a plus de sept mille traducteurs et interprètes. La diversité des langues est au coeur du projet européen, rappelle M. Lönnroth.

La progression de l'anglais résulte en partie des élargissements successifs, en particulier ceux de 1995 (Autriche, Finlande, Suède) et de 2004 (Chypre, Malte et huit anciens pays communistes) : les représentants des nouveaux Etats membres, parfois diplômés d'universités américaines ou britanniques, parlent souvent l'anglais. Toutefois, selon M. Lönnroth, cette percée est surtout liée à la mondialisation, qui a imposé en Europe, depuis les années 1970, la langue de l'économie dominante. "Plus de 80 % des jeunes Européens, note-t-il, choisissent l'anglais comme première langue étrangère."

PORTEFEUILLE DU MULTILINGUISME

La politique de l'Union est d'encourager l'apprentissage de deux langues étrangères dès le plus jeune âge. La création d'un portefeuille du multilinguisme, confié au commissaire roumain Leonard Orban, témoigne, selon la Commission, d'une volonté accrue de défendre la pluralité des langues. Mais, rappelle-t-elle, l'éducation continue de relever, pour l'essentiel, de chacun des Etats membres.

Un groupe de travail présidé par l'écrivain Amin Maalouf a été chargé par la Commission de réfléchir au "défi " que constitue la multiplicité des langues. L'écrivain a suggéré que les Européens, outre leur langue maternelle, soient invités à apprendre à la fois une langue de communication internationale - la plupart d'entre eux choisiront sans doute l'anglais, souligne-t-il - et une "langue personnelle adoptive", qui pourra être n'importe laquelle des langues d'Europe. Cela permettrait, selon M. Maalouf, que "chacune des langues européennes ait, dans chacun des pays de l'Union, un groupe significatif de locuteurs compétents et fortement motivés" pour aboutir à un "tissage" de relations bilatérales.


AVERTISSEMENT : article intégral de Thomas Ferenczi, paru dans le Le Monde du 09/06/2008.



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